Émailleur sur lave : métier méconnu !
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Émailleur sur lave : métier méconnu !

mercredi 23 mars 2022

Encore de nos jours, lorsque nous parlons d’émailleur sur lave, de lave émaillée ou bien d’atelier d’émaillage, nous voyons l’interrogation dans les yeux de nos interlocuteurs ! Pourtant, de nombreuses réalisations d’émailleurs sur lave nous entourent et certaines sont même célèbres … Retour sur les émailleurs sur lave et autres personnages qui ont marqué l’histoire de la pierre de lave émaillée …

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Gaspard de Chabrol

Ferdinand Morteleque

Jules Jollivet

Maurice Seurat

La Samaritaine

Guimard

Gaspard de Chabrol

Gilbert Joseph Gaspard, comte de Chabrol de Volvic, né le 25 septembre 1773 à Riom (Puy-de-Dôme) et mort le 30 avril 1843 à Paris, est un haut fonctionnaire français, nommé par Napoléon Ier, préfet de la Seine.
On lui doit notamment la création de 132 voies publiques, le pavage de nombreuses rues et boulevards, l’extension des égouts, l’usage des trottoirs, la généralisation progressive de l’éclairage public au gaz… Pour effectuer ces travaux (bordure de trottoir), il utilise la pierre d’origine volcanique de Volvic, donnant à la ville dont il porte le nom un nouvel essor.
Pour l’éducation, il restaure la Sorbonne et ouvre un très grand nombre d’écoles primaires. Il crée et finance l’école d’architecture et de sculpture de Volvic (actuellement École départementale d’architecture de Volvic). Il est également membre de l’Académie des beaux-arts dès 1817.

Ferdinand Morteleque rencontre la lave de volvic

Ferdinand Henri Mortelècque né en 1774 à Tournai et mort 13 août 1842 à Paris peintre et chimiste, inventeurs des procédés de peinture sur lave émaillée.
Ferdinand Mortelèque, alors fabricant de peintures vitrifiables, peintre sur porcelaine et sur verre, regrettait de ne pas pouvoir faire de même sur émail car les terres se rétractaient dès qu’elles étaient soumises au feu de recuisson. En voyant la pierre de Volvic d’origine volcanique, Ferdinand Mortelèque a jugé que des déformations de cette pierre n’étaient pas à craindre au moment de la cuisson si on pouvait scier des plaques minces très droites pour remplacer les plaques de tôle ou de terre. Il a alors fait des essais de cuisson qui ont montré que les plaques restaient planes. Il ne lui restait plus qu’à mettre au point un procédé d’émaillage et un émail appropriés à la nature poreuse et brune de la lave. Il a peut-être été aidé par Dutrieux (†1828), fabricant de faïence rue de la Roquette pour mettre au pont le procédé d’émailler la lave. En 1827, six semaines lui suffirent pour mettre au point son émail, modifier ses fondants et exécuter une tête de vieillard. « Cette peinture s’exécute avec des couleurs de porcelaine sur de grandes dalles de lave de Volvic que l’on émaille auparavant deux fois. Les émaux sont cuits à grand feu du four de faïencier ».
D’après le Journal des artistes de 1846, Ferdinand Mortelèque a réalisé la première peinture sur lave en 1829 avec un paysage.
Ferdinand Mortelèque a cédé l’exploitation de ce procédé de peinture sur lave à son gendre, Pierre Hachette, en 1831. Mais celui-ci découragé par un échec a arrêté la production, mais il redémarre en 1833 sous la pression de Jacques Hittorff qui devient un directeur de la maison Hachette et Cie située 40, rue Coquenard. Il réalise alors des plateaux de tables et de guéridons à partir de dessins de l’architecte ainsi que six devants d’autel en lave émaillée pour l’église Notre-Dame-de-Lorette de Paris. Hittorff démissionne en 1838 pour éviter les conflits d’intérêt.

Jules jollivet : 1er essai de peinture sur lave

Pierre-Jules Jollivet, né le 27 juin 1803 à Paris, mort dans la même ville le 7 septembre 1871 , est un peintre et un lithographe français.
Jules Jollivet rencontre par hasard Pierre Hachette, découvre la peinture en émail sur lave et réussit en 1844 un premier essai de peinture sur lave. Il obtient du préfet de la Seine Rambuteau la commande d’une Sainte Trinité pour le porche de l’église Saint-Vincent-de-Paul de Paris. Hittorff lui a alors proposé de peindre six tableaux supplémentaires, trois figurant des épisodes de l’Ancien Testament, et trois du Nouveau Testament. La Sainte Trinité a été mise en place en 1848 mais les six tableaux complémentaires n’ont été commandés par le nouveau préfet de la Seine, Georges Haussmann, qu’en 1853. L’entreprise Hachette et Cie a procédé à l’émaillage.

Après la mort de Pierre Hachette, en 184810, la société a été reprise par François Gillet qui avait été engagé par Pierre Hachette peu de temps avant sa mort. François Gillet s’est installé au 9, rue Fénelon, en 1855, où on peut remarquer la façade décorée de peintures sur lave émaillée, en particulier une frise représentant les inventeurs de l’émail avec, à droite, Mortelèque, Jollivet et Gillet. Jules Jollivet a installé son atelier 11, cité Malesherbes, en 1856, sur les plans de l’architecte Antoine Anatole Jal (Paris, 1823-Saint-Germain-en-Laye, 1898), fils d’Auguste Jal, avec une façade « de terres cuites émaillées et colorées et de peintures en émail sur lave.

Maurice Seurat rapatrie la lave émaillée en auvergne

Maurice Seurat, industriel, né en 1871 à Paris.
L’Usine de lave émaillée Saint-Martin dirigé alors par Maurice Seurat est le premier atelier d’émaillage sur lave en Auvergne puisque jusqu’à présent la lave provenait d’Auvergne mais l’émaillage était réalisé à Paris. Cet atelier connait au XXè siècle un essor considérable exportant dans le monde entier tables d’orientations, échelles d’étiage, paillasses de laboratoires et nombreuses réalisations destinées à la signalétique, au génie civil, à l’architecture etc…
C’est à Mozac que se situait l’Usine de lave émaillée Saint Martin, qui a produit – notamment – plus de 95% des tables d’orientation de France. La première est installée à Fourvière à la fin du XIXème siècle, réalisée par l’atelier Saint Martin. Depuis ces tables habillent nos paysages nous en facilitant la lecture et le repérage.

©20minutes

Historique
L’entreprise « Compagnie générale d’exploitation des laves de Volvic » est mise en liquidation judiciaire, Maurice Seurat achète l’usine de St-Martin en 1898.
L’entreprise Seurat de Saint Martin réalise en 1929 la table d’orientation pour la terrasse du magasin La Samaritaine à Paris.

La table d’orientation sur la terrasse du magasin La Samaritaine à Paris

©La Panse de l’ours

En 1928, Michelin se dote d’un atelier d’émaillage et produit des plaques de lave émaillée pour la signalisation routière. En 1931 le ministère de l’intérieur et des travaux public adopte des bornes d’angles Michelin pour équiper les principales routes de France : ce sont 4 plaques de lave émaillée sur un support béton qui vont permettre aux français de s’orienter sur le réseau routier. Cet atelier fonctionnera jusqu’en 1970.

©Wikipedia

En 1948, Yves Seurat prend la succession de son père, Maurice Seurat, à la tête de l’entreprise de Saint Martin-près-Riom. Yves Seurat fermera en 1972 l’entreprise de Saint Martin-près-Riom, qui sera reprise l’année par Léopold Chevalier. Elle fermera définitivement en 1982, suite au décès accidentel Léopold Chevalier.

les façades de la Samaritaine

En 1910 est ainsi inauguré, dans la partie sud de l’îlot Seine, un édifice Art nouveau conçu par l’architecte Frantz Jourdain. Un chef-d’oeuvre du genre avec ses volumes imposants, sa structure métallique, sa grande verrière et ses ornementations travaillées. L’ensemble est unifié par des façades ornées de panneaux polychromes en lave émaillée. « Chasse », « Amazone », « Travail », « chemise » ou encore « chapeaux », les panneaux claquent tels des slogans publicitaires qui font de ce magasin hors norme un « palais de la tentation » ou une « cathédrale du commerce » comme le surnomment alors les Parisiens.

Entrée de métro Guimard

S’agissant de l’émaillage sur lave, Guimard se tourne vers Eugène Gillet, qui a œuvré avec lui à la façade de la maison Coilliot de Lille : les panneaux de lave naturelle sont d’abord taillés à Volvic puis son usine de la Briche à Saint-Denis en assure la finition et l’émaillage. Gillet fournira au total 236 panneaux ainsi que 112 enseignes « Métropolitain » en tôle émaillée, signées Guimard entre 1902 et 1903, et 5 plaques marquées « Entrée » ou «Sortie».

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